Maquette de maison grecque

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Publié le 23 juil 2017 dans Maquette de maison grecque

Maquette de maison grecque

Reconstitution d’une maison olynthienne par Pardaléos /Luis de Huescar

d’après les conclusions de Nicholas Cahill.

Vue générale de la maquette (66 cm x 60 cm)

La cité grecque d’Olynthe, située dans l’antique Chalcidique (péninsule au nord de la Grèce,

entourée par la mer Egée) fut une cité influente entre la fin du V° avant J.C. et la première

moitié du IV° avant. Elle fut détruite par Philippe de Macédoine en 348 avant J.C.

Les fouilles commencées en 1928, mirent à jour les fondations d’une cité construite

sur deux collines, l’une au sud et l’autre au nord.

C’est lorsque Olynthe devint le pilier de la Chalcidique, en 432 avant J.C., que la cité

se développa sur la colline nord selon un plan hippodamien dont les axes principaux

N/S et E/O sont bien connus sous les appellations romaines « Cardo » et « Décumanus ».

Le plan de la cité, identifiable grâce aux vestiges mis à jour , permet de distinguer de

part et d’autre du tracé orthogonal des rues, des îlots rectangulaires comprenant,

chacun, deux rangées de cinq  maisons, séparées par une ruelle sanitaire.

Vue de la façade nord et de la ruelle sanitaire.

Sans être identiques, les maisons comportent de nombreuses similitudes et figurent le modèle

standard de la maison grecque des V° et IV° siècles  avant J.C.

C’est pourquoi, lorsque nous avons eu le projet de construire une maquette de maison grecque,

démontable pour une meilleure visibilité, nous avons choisi une maison d’Olynthe. Nous avons,

en particulier, opté pour la maison A VII 4 qui est une vaste maison aisée, à étage, d’une

superficie globale d’environ 290 m2, aux murs de briques crues et considérée comme l’une des

maisons types des habitations olynthiennes.

Vue de la façade sud et des briques crues.

Pour ce faire, nous avons notamment pris appui sur les remarquables travaux de Nicholas Cahill

(Household and city organization at Olynthus) qui analyse et compare avec précision l’architecture

des maisons fouillées et qui, grâce aux artefacts trouvés, identifie -autant que faire se peut- les

pièces des habitations.

Cependant, l’étude des vestiges n’élude pas toutes les questions et ne résout pas tous les problèmes

auxquels on se trouve confronter quand il s’agit de construire une maquette. Si bien que pour pallier

les points lacunaires, nous avons dû, parfois, expérimenter diverses solutions et émettre des hypothèses …

Ainsi que l’explique Adonia , toute la vie de la maison s’articule autour de l’aulè, cour à ciel

ouvert située au centre de l’habitation. Pavée et drainée jusqu’à la rue, elle apporte luminosité et

ventilation à l’ensemble de l’oïkos.

De la rue, on y pénètre par un petit vestibule (prostas) dont les portes s’ouvrent vers l’extérieur.

On raconte qu’à Athènes, on frappait aux portes avant de les ouvrir pour éviter tout désagrément

aux passants …

Portes d’entrée et vestibule

Au sud/ouest du vestibule, ouvrant à la fois sur la rue et la cour, un entrepôt permet de stocker matériel

et réserves alimentaires, pithoï et amphores remplis d’huile et de vin. Cependant, cet espace  pouvait être,

aussi, commercial et parfois même loué.

Vues de l’entrepôt

A l’opposé de l’entrepôt, à l’angle sud/est de la maison et donnant sur la rue, se situe l’andrôn, la salle de réception.

L’andrôn est la salle d’apparat de la maison grecque. la pièce où le maître de maison reçoit ses invités,

toujours des hommes (les seules femmes admises étant des danseuses ou des courtisanes) mais aussi

la pièce où il « se donne à voir ». C’est, de ce fait, la pièce la plus soignée, la plus luxueuse de la demeure.

On y accède par une petite antichambre qui communique avec l’office où sont préparés les mets pour le

déipnon (le dîner) et le sympsion (le banquet).

Vue de l’office

Puis on entre dans l’andrôn à proprement dit par une porte décentrée, imposée par le nombre impair

de klinaï. Ici, sept lits sont alignés le long des murs et posés sur une bordure surélevée.

Devant chaque lit est installée une petite table pour les convives qui mangent semi-allongés,

appuyés sur le bras gauche. La table peut être dissimulée sous le lit lorsqu’elle n’est pas utilisée.

Placé contre un pan de mur, le présentoir met à la vue de tous la plus riche vaisselle de l’hôte tandis

qu’au centre de l’andrôn trône le cratère empli de vin coupé d’eau qui est au coeur du symposion.

Vue de l’andrôn

Contrairement aux autres pièces de la maison, le plus souvent blanchies à la chaux, les murs de l’andrôn,

comme ceux de l’antichambre, sont peints : murs rouges pour l’andrôn, murs jaunes pour l’antichambre.

Le sol en dalles de pierre peut être dans les demeures les plus riches une mosaïque en galets.

Contiguë à la cour, et en arrière-plan, la pastas (ou portique) donne accès aux différentes pièces de l’oïkos.

La pastas, délibérément orientée plein sud, a l’avantage d’offrir ombre en été et ensoleillement en hiver.

Couverte par la galerie de l’étage, elle élargit l’espace de la vie familiale et comporte de nombreux objets

utilitaires. Les fouilles de la pastas ont, du reste, mais à jour de nombreux vases (hydrie, olpé, canthare,

lécythe…) probablement entreposés sur des étagères le long du mur.

Vue d’une partie de la pastas et de deux meules à grains

Attenant à l’office, mais au fond de la pastas, dans l’espace privé de la maison, est installé le complexe

de cuisine.

Un petit foyer à même le sol permet la cuisson des aliments. La grande cheminée, à feu ouvert, sert

quant à elle aussi bien au chauffage de l’oïkos qu’à la cuisine – comme l’attestent sur le site la couche de

cendres et traces de brûlure.

Vue de la cuisine et du foyer                                                      La vaisselle de la cuisine

Derrière la cheminée s’encastre une étroite « salle de bain » (deux lécythes y ont, en effet, été trouvés)

équipée d’une baignoire. Quelques baignoires sabots en terre cuite ont, de fait, été découvertes à Olynthe.

Vue de la cheminée et de la salle de bain

Dans le prolongement de la cuisine, deux autres pièces s’ouvrent sur la pastas. Les poids retrouvés dans

la pièce attenante à la cuisine laissent à penser que cette pièce était utilisée pour les travaux de tissage.

Tous les vêtements étaient, en effet, tissés dans l’oïkos. Le filage de la laine et le tissage relevaient des

principales activités de la femme, de condition humble comme royale …telle Pénélope tissant et

re-tissant sa toile dans l’attente du retour d’Ulysse…Le kalathos, corbeille pour la laine, était, du reste,

le symbole de l’épouse.

Pièce pour le tissage

La dernière pièce où nul artefact n’a été trouvé aurait pu être une chambre supplémentaire …

On accède à l’étage par un escalier situé dans la cour. Il débouche sur une grande galerie, couvrant

la pastas, sur laquelle donnent trois chambres, les dialèteria.

Escalier conduisant à l’étage

Peu de mobilier dans les chambres: un ou deux lits, une chaise, un tabouret, un coffre pour le linge. En

revanche, la plus grande chambre, celle du maître de maison est davantage meublée.

Comme tout citoyen grec, en cas de guerre, il se met au service de sa cité. Ainsi peut-on voir son

armement hoplitique : son casque (krânos), sa cuirasse (thôrax), ses jambières (cnémides) et,

accrochés au mur, son bouclier (aspis), sa lance (dory), son épée (xiphos) et son épée à lame

recourbée (kopis).

Armes d’hoplite

En temps de paix, il peut lire les nombreux rouleaux de papyrus qui garnissent sa bibliothèque et il gère

ses affaires. Ses derniers écrits couvrent sa table de travail, à côté de l’encrier et des calames.

Enfin, un toit en bâtière, couvert de tuiles, protège la maison tandis qu’une toiture à un seul versant protège

les pièces du rez-de-chaussée.

Vue des toitures


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